Ce thème, particulièrement apprécié par les collectionneurs et amateurs d’armes historiques, fait l’objet du premier livre en français consacré exclusivement à ce sujet, écrit par Ph. Mouret. L’Armée française fut dotée de différents modèles de Rolling-Block lors de la Guerre de 1870, puis pendant la Première Guerre mondiale du fait d’une pénurie d’armes individuelles. Utilisé par les armées de 48 pays mais aussi par les tireurs et les chasseurs, le fusil Rolling-Block pouvait tirer les cartouches à poudre noire les plus puissantes développées dans la seconde moitié du XIXe siècle. Après la défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, qui provoqua la chute de Napoléon III et la proclamation de la République, le gouvernement de la Défense Nationale poursuivit la guerre. L’urgence à réarmer les troupes l’obligea à passer des commandes à l’étranger, notamment auprès de la société Remington. Les combattants de la Garde nationale et les Francs-Tireurs disposèrent donc d’un armement hétéroclite mais où le fusil Rolling-Block faisait partie des armes individuelles les plus modernes.
Au travers des modèles analysés par l’auteur, la disparité des calibres employés constitua une source de difficultés pour l’approvisionnement en munitions. Il en fut de même pour les modèles de baïonnettes, pas toujours adaptées aux différents types de fusils. Pour les mêmes raisons de pénurie, la carrière du Rolling-Block se poursuivit durant la Première Guerre mondiale avec des fusils en cal. 7 mm Mauser et 8 mm Lebel, affectés principalement aux unités d’artillerie lourde.
Le mécanisme « à bloc roulant » allie facilité d’emploi et robustesse : en 1869, des fusils d’essai utilisant ce système et tirant une cartouche métallique furent fabriqués en France et essayés mais sans suite, du fait de l’adoption du fusil Chassepot en 1866. Une tentative de production en série de Rolling-Block eut lieu à St Etienne en 1871 sous l’autorité du gouvernement de la Défense Nationale, par la société Rivolier, Bouniard & Blanc mais la fabrication défectueuse mit fin à l’opération.
Les recherches effectuées par l’auteur s’appuient sur des documents d’archives et sur les contributions de collectionneurs, afin d’identifier les différents modèles de Rolling-Block « français ». L’ouvrage, comportant 12 chapitres, inclut les photos de chacun des fusils, modèles de baïonnette et types de cartouches avec gros plans de leurs marquages. Des tableaux indiquent les caractéristiques et les dimensions des matériels étudiés. Documents et photos d’époque replacent également les armes dans leur contexte historique. Une bibliographie présente les ouvrages, revues et notices diverses sur l’histoire du Rolling-Block, dans laquelle figure notamment le livre de P. Lorain : « Les Armes Américaines de la Défense Nationale », paru en 1970.
Les Remington Rolling-Block dans l’Armée française, par Philippe Mouret aux Editions du Brevail.